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Révolutions à venir: Mai 68 et le Printemps de Prague

Ouvrage dirigé par Jana Ndiaye Berankova, Michael Hauser, and Nick Nesbitt

Contributeurs: Jacques Rancière, Étienne Balibar, Vincent Jacques, Jana Ndiaye Berankova, Reza Naderi, Nick Nesbitt, Michael Hauser, Petr Kužel, Jan Kober, Ivan Landa, Jan Mervart, Katarzyna Bielińska, Joe Grim Feinberg

Graphisme: Lukáš Kijonka et Michal Krůl, Kolektiv Studio

Publication: novembre 2020
25 x 17,5 x 3,5 cm
en anglais
29 EUR
324 pages
ISBN: 978-2-9569056-1-5

Livre à couverture rigide avec estampage. Reliure dans un tissu de couleur terracotta. Inclut des illustrations en noir et blanc réalisées à partir d’affiches, de tracts et de vielles photographies.

1968 est le nom propre d’un événement global qui continue à résonner, plus d’un demi-siècle plus tard, dans la conjoncture présente où le consensus néolibéral ébranlé se confronte à nouveau au spectre de la transformation révolutionnaire. Ce volume part d’un présupposé que le Mai 68/Printemps de Prague constitue un doublet de noms particulièrement puissant et que ses résonances méritent une interrogation plus détaillée. Les articles rassemblés dans ce volume questionnent l’articulation tchécoslovaque et française des deux dernières révolutions Européennes. Ils proposent une critique de la supposée « fin des idéologies » en 1989. Ils rassemblent une génération de philosophes basés en France et en Europe Centrale dans une enquête sur l’héritage philosophique de 1968.

Du côté français du chiasme « Mai 68/Printemps de Prague », ce livre inclut un essai de Jacques Rancière sur le Mai 68 et une étude-clé d’Étienne Balibar sur les « quatre discours » de Jacques Lacan. Vincent Jacques interroge la conceptualisation de « l’événement » par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Trois études visent à placer l’œuvre d’Alain Badiou dans le contexte de la philosophie française après 1968 : Jana Ndiaye Berankova compare le concept de « suture » selon Badiou et selon Jacques-Alain Miller, Reza Naderi analyse Le Concept de Modèle en relation avec la politique de Sylvain Lazarus et Nick Nesbitt réfléchit sur le concept de la marchandise chez Badiou et chez Marx.
Du côté de l’Europe Centrale, ce livre présente une génération de chercheurs dont le but est de ressusciter un héritage longtemps oublié de l’humanisme marxiste tchécoslovaque et de la pensée de gauche des années 60. Michael Hauser ouvre cette section du livre par une lecture des événements du Printemps de Prague en relation avec le concept de la politique selon Jacques Rancière. Petr Kužel et Jan Kober explorent les inventions politiques du Printemps de Prague: la notion du socialisme autogestionnaire et des conseils ouvriers ainsi que les réformes légales des années 60. Ivan Landa analyse les critiques de gauche de la révolution scientifique et technologique, Jan Mervart redécouvre l’histoire de la pensée maoïste dans la Tchécoslovaquie des années 60 et Katarzyna Bielinska place le Printemps de Prague dans le contexte du mouvement polonais et de la pensée de l’école Praxis en Yougoslavie. Pour conclure, Joseph Grim Feinberg remet en question la soi-disant « fin » de cette séquence historique et philosophique en 1989.

L’intitulé de ce livre « Révolutions à venir » implique que parfois, on peut découvrir nos orientations futures en regardant de plus près dans les possibilités oubliés des événements historiques. Il se peut que la clé de l’avenir soit enterrée sous des chemins effacés du passé. Et s’il est vrai que les « événements de 1968 » étaient un moment paradigmatique pour une génération de philosophes et que l’origine de toute une série de concepts philosophiques peut être tracé jusqu’à ce moment-là, en les étudiant attentivement, on pourra mieux comprendre notre crise actuelle. Pour certains, la date de 1989 symbolisa la fin de l’histoire, pour ceux qui se souvenaient des espoirs réprimés, ce fût une catastrophe étrange et incompréhensible. Et pourtant les auteurs de ce livre doutent que cette fin soit définitive. Il semble, comme si à travers leur analyse de la contribution théorique de 1968, ils suivaient la célèbre citation althussérienne de Lénine : « sans théorie, pas de pratique révolutionnaire. » Le titre « Révolutions à venir » nous rappelle que les aspects affirmatifs oubliés de ces événements peuvent resurgir à tout moment. Peut-être que 1968 est une révolution incomplète, pas- ou in-finie, work-in-progress, un spectre qui hante le siècle actuel.